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LA RÉVOLUTION

Montpellier enjoignait à tous les représentants de se rendre aux chefs-lieux de leurs départements respectifs, pour y attendre le jugement d’un jury national. Bref, en vertu même du dogme démocratique, « on ne voyait plus dans la Convention, » mutilée et dégradée, que « des procureurs » intrus ; on sommait « les ouvriers du peuple de rentrer dans l’obéissance et de faire droit aux reproches que leur adressait leur maître » légitime[1] ; la nation cassait aux gages ses commis de la capitale ; elle leur retirait le mandat dont ils avaient mésusé, et les déclarait usurpateurs s’ils persistaient à ne pas soumettre leur souveraineté empruntée « à sa souveraineté inaliénable ». — À ce coup droit qui porte à fond, la Montagne vient de riposter par le même coup ; elle aussi rend hommage aux principes et s’autorise de la volonté populaire. Par la fabrication subite d’une constitution ultra-démocratique, par la convocation des assemblées primaires, par la ratification que le peuple assemblé donne à son œuvre, par l’appel des délégués à Paris, par l’assentiment de ces délégués convertis, fascinés ou contraints, elle se

    des sections de Nantes, 5 juillet). — L’arrêté est signé par les trois corps administratifs de Nantes, par les administrateurs des districts de Clisson, Ancenis et Machecoul, réfugiés à Nantes, et par les deux députés des districts de Paimbœuf et Châteaubriant, en tout quatre-vingt-six signatures.

  1. Archives nationales (Lettre du général Wimpffen à la Société des Amis de la liberté et de l’égalité, séante à Cherbourg, 25 juin 1793). — Mortimer-Ternaux, VIII, 126. — Sur l’opinion des départements, cf. Paul Thibaud, Études sur l’histoire de Grenoble et du département de l’Isère. — Louis Guibert, le Parti girondin dans la Haute-Vienne. — Jarrin, Bourg et Belley pendant la Révolution.