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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 1, 1909.djvu/144

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L’ANCIEN RÉGIME


une amertume secrète contre le richard oisif qui, les poches pleines, l’envoie faire, avec des poches vides, un ministère de charité. À Saint-Pierre de Barjouville, dans le Toulousain, l’archevêque de Toulouse prend la moitié des dîmes et fait par an 8 livres d’aumône ; à Bretx, le chapitre de l’Isle-Jourdain qui perçoit la moitié de certaines dîmes et les trois quarts des autres, donne 10 livres ; à Croix-Falgarde, les Bénédictins, à qui la moitié de la dîme appartient, donnent 10 livres par an[1]. À Sainte-Croix de Bernay en Normandie[2], l’abbé non résident, qui touche 57 000 livres, donne 1 050 livres au curé qui n’a pas de presbytère et dont la paroisse contient 4 000 communiants. À Saint-Aubin-sur-Gaillon, l’abbé, gros décimateur, donne 350 livres au vicaire, qui est obligé d’aller dans le village quêter du blé, du pain, des pommes. À Plessis-Hébert, « le desservant déportuaire, n’ayant pas de quoi vivre, est forcé d’aller chercher ses repas chez les curés voisins ». Dans l’Artois, où souvent la dîme prélève 7 1/2 et 8 pour 100 du produit de la terre, nombre de curés sont à la portion congrue et sans presbytère ; leur église tombe en ruines et le bénéficier ne donne rien aux pauvres. « À Saint-Laurent,

  1. Théron de Montaugé, l’Agriculture et les classes rurales dans le pays Toulousain, 86.
  2. Périn, la Jeunesse de Robespierre, doléances des paroisses rurales de l’Artois, 320. — Boivin-Champeaux. ib., 65, 68. — Hippeau, ib., VI, 79, et VII, 177. — Lettre de M. Sergent, curé de Villers, du 27 janvier 1790. (Archives nationales, DXIX, carton 24.) Lettre de M. Briscard, curé de Beaumont-le-Roger, diocèse d’Évreux, du 19 décembre 1789. (Ib., DXIX, carton 6.) — Tableau moral du clergé de France (1789), 2.