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L’ANCIEN RÉGIME


101 officiers dans ses cuisines[1]. À Vienne, en 1772, l’ambassadeur prince de Rohan avait deux carrosses coûtant ensemble 40 000 livres, 40 chevaux, 7 pages nobles, 6 gentilshommes, 5 secrétaires, 10 musiciens, 12 valets de pied, 4 coureurs dont les habits chamarrés avaient coûté chacun 4000 livres, et le reste à proportion[2]. On sait le luxe, le bon goût, les dîners exquis, l’admirable représentation du cardinal de Bernis à Rome. « On l’appelait le roi de Rome, et il l’était en effet par sa magnificence et par la considération dont il jouissait… Sa table donnait l’idée des possibles… Dans les fêtes, les cérémonies, les illuminations, il était toujours au-dessus de toute comparaison. » Il disait lui-même en souriant : « Je tiens l’auberge de France dans un carrefour de l’Europe[3] ». — Aussi bien leurs traitements et indemnités sont-ils deux ou trois fois plus amples qu’aujourd’hui. « Le roi donne 50 000 écus pour les grandes ambassades. M. le duc de Duras a eu « jusqu’à 200 000 livres par an pour celle de Madrid, outre cela 100 000 écus de gratification, 50 000 livres pour affaires secrètes, et on lui a prêté 400 000 ou 500 000 livres de meubles ou effets dont il a gardé la moitié[4]. » — Les dépenses et les traitements des mi-

  1. Duc de Luynes, XIV, 149.
  2. L’abbé Georgel, Mémoires, 216.
  3. Sainte-Beuve, Causeries du lundi, VIII, 63, textes de deux témoins, Mme de Genlis et Roland.
  4. Duc de Luynes, XV, 455 et XVI, 219 (1757). « Le maréchal de Belle-Isle avait 1 200 000 livres de dettes contractées, un quart pour ses bâtisses de plaisir, le reste pour le service du roi. Le roi, pour le dédommager, lui donne 400 000 livres sur le produit des