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LA STRUCTURE DE LA SOCIÉTÉ.


dal ; on en trouve aujourd’hui de semblables en Angleterre, en Autriche, en Prusse, en Russie ; en effet la propriété survit longtemps aux circonstances qui la fondent. La souveraineté l’avait faite ; séparée de la souveraineté, elle est restée aux mains jadis souveraines. Dans l’évêque, l’abbé ou le comte, le roi a respecté le propriétaire en renversant le rival, et, dans le propriétaire subsistant, cent traits indiquent encore le souverain détruit ou amoindri.

III

Telle est l’exemption d’impôt totale ou partielle. Les collecteurs s’arrêtent devant eux, parce que le roi sent bien que la propriété féodale a la même origine que la sienne ; si la royauté est un privilège, la seigneurie en est un autre ; le roi n’est lui-même que le plus privilégié des privilégiés. Le plus absolu, le plus infatué de son droit, Louis XIV a eu des scrupules lorsque l’extrême nécessité l’a contraint à mettre sur tous l’impôt du dixième[1]. Des traités, des précédents, une coutume im-

    jourd’hui il leur en faudrait 20 000 ou 25 000. — En province surtout, par l’effet des chemins de fer, la vie est devenue beaucoup plus chère. « Selon mes amis du Rouergue, dit-il encore, je pourrais vivre à Milhau avec ma famille dans la plus grande abondance pour 100 louis ; il y a là des familles nobles vivant d’un revenu de 50 et même de 25 louis. » Aujourd’hui à Milhau les prix sont triplés et même quadruplés. — À Paris, telle maison dans la rue Saint-Honoré, louée 6000 francs en 1789, est louée 16 000 fr. aujourd’hui.

  1. Rapports de l’agence du clergé de 1780 à 1785. À propos des droits féodaux dont le livre de Boncerf demandait l’abolition, l’avocat général Séguier disait en 1775 : « Nos rois ont déclaré