mainmortables[1]. — Par cette fortune du premier ordre,
nous pouvons nous figurer celle du second. Comme avec
les nobles il comprend les anoblis, et que depuis deux
siècles les magistrats, depuis un siècle les financiers ont
acquis ou acheté la noblesse, il est clair qu’on y trouve
presque toutes les grandes fortunes de France, anciennes
ou nouvelles, transmises par héritage, obtenues par des
grâces de cour, acquises dans les affaires ; quand une
classe est au sommet, elle se recrute de tout ce qui monte
ou grimpe. Là aussi il y a des richesses colossales. On a
calculé que les apanages des princes de la famille royale,
comtes d’Artois et de Provence, ducs d’Orléans et de Penthièvre,
couvraient alors le septième du territoire[2]. Les
princes du sang ont ensemble un revenu de 24 à 25 millions ;
le duc d’Orléans, à lui seul, possède 11 500 000
livres de rente[3]. — Ce sont là des vestiges du régime féo-
- ↑ Boiteau, État de la France en 1789, 47. Voltaire, Politique et législation, supplique des serfs de Saint-Claude.
- ↑ Necker, De l’administration des finances, II, 272.
- ↑ Marquis de Bouillé, Mémoires, 41. — Notez toujours qu’il faut au moins doubler ces chiffres pour avoir ceux qui leur correspondraient aujourd’hui. 10 000 livres de rente en 1766 en valaient 20 000 en 1825. (Mme de Genlis, Mémoires, chap. ix.) Arthur Young, visitant un château de Seine-et-Marne, écrit : « J’ai interrogé Mme de Guerchy ; il résulte de cette conversation que pour habiter un château comme celui-ci, avec six domestiques mâles, cinq servantes, huit chevaux, entretenir un jardin, etc., tenir table ouverte, recevoir quelque société, sans jamais aller à Paris, il faut environ 1000 louis de revenu ; il en faudrait 2000 en Angleterre ». Aujourd’hui en France, au lieu de 24 000 francs, ce serait 50 000 et davantage. Arthur Young ; ajoute : « Il y a ici des gentilshommes qui vivent pour 6000 ou 8000 livres avec deux domestiques, deux servantes, trois chevaux et un cabriolet ». Au-