quelque étendue qu’elles soient ». Par suite, en Limousin
et ailleurs, dans les pays dont la principale production
est en prairies ou en vignes, il a soin de régir lui-même
ou de faire régir une notable portion de son domaine ; il
l’affranchit ainsi du collecteur[1]. Il y a plus : en Alsace, par
convention expresse, il ne paye pas un sou de taille. Ainsi,
après quatre cent cinquante ans d’assaut, la taille, ce premier
engin du fisc, le plus lourd de tous, a laissé presque
intacte la propriété féodale[2]. — Depuis un siècle, deux nouvelles
machines, la capitation et les vingtièmes, semblent
plus efficaces et ne le sont guère davantage. — D’abord,
par un chef-d’œuvre de diplomatie ecclésiastique, le
clergé a détourné, émoussé leur choc. Comme il fait
corps et qu’il a des assemblées, il a pu traiter avec le
roi, se racheter, éviter d’être taxé par autrui, se taxer
lui-même, faire reconnaître que ses versements ne sont
pas une contribution imposée, mais un « don gratuit »,
obtenir en échange une foule de concessions, modérer
ce don, parfois ne pas le faire, en tout cas le réduire à
16 millions tous les cinq ans, c’est-à-dire à un peu plus
de 5 millions par an ; en 1788, c’est seulement 1 800 000
livres, et il le refuse pour 1789[3]. Bien mieux, comme il
- ↑ Comte de Tocqueville, l’Ancien Régime et la Révolution, 406. Les habitants de Montbazon avaient porté à la taille les régisseurs du duché que possédait le prince de Rohan. Ce prince fait cesser cet abus et obtient de rentrer dans une somme de 5344 livres qu’on lui avait fait payer indûment de ce chef. »
- ↑ Necker, De l’administration des finances, la taille rapportait 91 millions, les vingtièmes 76 500 000, la capitation 41 500 000.
- ↑ Raudot, la France avant la Révolution, 51.
Marquis de Bouillé, Mémoires, 44.
Necker, De l’administration des finances, II, 181. Il s’agit ici