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OBJET ET MÉRITES DU SYSTÈME


le taux et le rendement des divers impôts directs ou indirects, la voie est bien tracée, droite et pourtant accommodée aux choses, à peu près conforme aux maximes nouvelles de la science économique, à peu près conforme aux maximes antiques de la justice distributive, orientée soigneusement entre les deux grands intérêts qu’elle doit ménager, entre l’intérêt du contribuable qui paye et l’intérêt de l’État qui reçoit.

Considérez, en effet, ce qu’ils y gagnent l’un et l’autre. — En 1789, l’État n’avait que 475 millions de revenu ; ensuite, pendant la Révolution, il n’a presque rien touché de son revenu : il a vécu des capitaux qu’il volait, en vrai brigand, ou des dettes qu’il faisait, en débiteur insolvable et de mauvaise foi. Sous le Consulat et dans les premières années de l’Empire, il a de 750 à 800 millions de revenu, il ne vole plus les capitaux de ses sujets et il ne fait plus de dettes. — En 1789, le contribuable ordinaire payait, par l’impôt direct, à ses trois souverains anciens ou récents, je veux dire au roi, au clergé, aux seigneurs, plus des trois quarts de son revenu net. Après 1800, c’est moins du quart qu’il paye à l’État, souverain unique qui remplace les trois autres. On a vu le soulagement de l’ancien taillable, du campagnard, petit propriétaire, de l’homme sans propriété, qui vit de son travail manuel : l’allègement de l’impôt direct lui a restitué de quatorze à quarante journées franches, pendant lesquelles, au lieu de travailler pour le fisc, il travaille pour lui-même. S’il est marié et père de deux enfants au-dessus de sept ans, l’allègement d’un


  le régime moderne, ii.
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