priseurs et, par surcroît ou contre-coup, les membres de toute grande compagnie privée, puisque nulle entreprise collective, depuis la Banque de France et les journaux jusqu’aux messageries et aux tontines, ne peut s’établir sans sa permission ni subsister sans sa tolérance. Sans compter ceux-ci, après avoir défalqué de même les militaires en service actif et les fonctionnaires qui n’émargent pas, les préfets constatent, dès les premières années, que, depuis 1789, le nombre des gens « employés ou soldés par l’État » a presque doublé ; dans le Doubs, en l’an IX, au lieu de 916, c’est 1820 ; dans la Meurthe, en l’an XIII, au lieu de 1828, c’est 3091 ; dans l’Ain, en 1806, au lieu de 955, c’est 1771[1]. Quant à l’armée, elle a triplé, et, d’après les calculs du Premier Consul lui-même, au lieu de 9000 à 10 000 officiers comme en 1789, elle en a plus de 20 000[2]. — Tous ces chiffres vont croître sur l’ancien territoire par le développement même de l’organisation nouvelle, par l’augmentation énorme de l’armée, par le rétablissement du culte, par l’installation des droits réunis, par l’institution de l’Université, grâce au nombre croissant des officiers, des curés et desservants, des percepteurs et agents fiscaux, des professeurs et maîtres d’étude, des invalides retraités et pensionnés[3].
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OBJET ET MÉRITES DU SYSTÈME