primé a toujours des inconvénients, le manuscrit vaut mieux. Les affaires locales ne sortent plus des bureaux ; elles s’y traitent à huis clos ; tout bruit qui pourrait retentir au delà du cabinet du préfet et du cabinet du ministre, est soigneusement amorti, étouffé de parti pris, et, sous la main du préfet, le conseil général devient un automate.
Seul à seul avec le représentant direct de l’Empereur, il se croit avec l’Empereur lui-même : pesez bien ces deux mots : En présence de l’Empereur ; dans la balance des contemporains, ils sont un poids incommensurable. Pour eux, Napoléon a tous les attributs de la divinité, non seulement l’omnipotence et l’omniprésence, mais encore l’omniscience, et s’il leur parle, ce qu’ils éprouvent surpasse encore ce qu’ils imaginaient. Quand il visite une ville et confère avec les autorités du lieu sur les intérêts de la commune ou du département, ses interlocuteurs sont éblouis ; il est aussi bien informé qu’eux et plus perspicace : c’est lui qui leur explique leurs affaires. La veille au soir, en arrivant, il s’est fait remettre des résumés de faits et de chiffres, tous les renseignements positifs et techniques, concentrés et classés selon la méthode qu’il enseigne et prescrit à ses administrateurs[1] ; pendant la nuit, il les a lus et les possède ; le matin, dès l’aube, il a fait sa tournée à cheval ; avec une promptitude et une justesse extraordinaires, son coup d’œil topographique a discerné « la meilleure direction à donner au canal projeté, le
- ↑ Beugnot, Mémoires, I, 363.