devenu privé, clandestin. Çà et là, en dépit de la loi intolérante et avec la connivence des administrations locales, quelques prêtres rentrés, quelques religieuses éparses le donnent, par contrebande, à de petits troupeaux d’enfants catholiques : cinq ou six fillettes, autour d’une ursuline déguisée, épellent l’alphabet dans une arrière-chambre[1] ; un prêtre, sans tonsure ni soutane, reçoit le soir en cachette deux ou trois jeunes garçons auxquels il fait traduire le De Viris. — À la vérité, pendant les intermittences de la Terreur, avant le 13 Vendémiaire, avant le 18 Fructidor, les écoles particulières repoussent, comme des touffes d’herbes dans une prairie fauchée et foulée ; mais ce n’est que par places et maigrement ; d’ailleurs, sitôt que le jacobin revient au pouvoir, il les écrase avec insistance[2] : il veut être seul à enseigner.
- ↑ Ma grand’mère maternelle apprit à lire d’une religieuse cachée dans le cellier de la maison.
- ↑ Albert Duruy, l’Instruction publique et la Révolution, 349. Arrêté du Directoire, 17 pluviôse an V, et circulaire du ministre Le Tourneur contre les écoles libres, qui sont « des repaires de royalisme et de superstition ». — Par suite, arrêtés des administrations départementales de l’Eure, du Pas-de-Calais, de la Drôme, de la Mayenne et de la Manche pour fermer ces repaires. « Du 27 thermidor an VI au 2 messidor an VII, écrit l’administration de la Manche, nous avons révoqué 58 instituteurs, sur la dénonciation des municipalités et des sociétés populaires. »
tiques des préfets, Eure, par Masson-Saint-Amand, an XIII : « Dans la majeure partie du département, il existait des maisons d’école, des dotations particulières pour les instituteurs et les institutrices. Les maisons ont été aliénées comme les autres domaines nationaux ; les dotations provenant d’établissements ou de corporations religieuses ont été éteintes. — Quant aux filles, cette portion de la société a fait une perte immense, relativement à son éducation, dans la suppression des communautés religieuses qui leur donnaient presque gratis un enseignement assez suivi. »