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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 10, 1904.djvu/68

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LE RÉGIME MODERNE


D’autre part, il les astreint à une comptabilité exacte, il les soumet à une surveillance stricte, il leur choisit des administrateurs compétents et probes, il supprime, chez eux comme partout ailleurs, le gaspillage et le péculat. Désormais le réservoir public où les misérables viennent se désaltérer est réparé, nettoyé ; l’eau ne s’y gâte plus, ne s’y perd plus ; partant la charité privée peut, en toute sécurité, y verser ses eaux vives ; de ce côté, leur pente est naturelle et, en ce moment, plus forte qu’à l’ordinaire, car, dans le réservoir à demi vidé par la confiscation révolutionnaire, le niveau demeure toujours bas.

Restent les établissements d’instruction ; à leur endroit, la restauration semble plus difficile, car leur antique dotation a péri presque entière ; le gouvernement ne peut leur rendre que des bâtiments délabrés, quelques rares biens-fonds destinés jadis à l’entretien d’un boursier dans un collège[1] ou d’une école dans un village ; mais à qui les rendre, puisque le collège et l’école n’existent plus ? — Heureusement, l’instruction est une denrée si nécessaire, que presque toujours un père tâche de la procurer à ses enfants ; même pauvre, il consent à la payer, si elle n’est pas trop chère ; seulement, il la veut à son goût et de telle ou telle qualité, partant de telle provenance, avec telle étiquette et mar-

  1. Loi du 25 messidor an V. — Alexis Chevalier, les Frères des écoles chrétiennes, etc., 185. (Arrêtés du 30 frimaire an XI, du 20 thermidor an XI et du 4 germinal an XIII. — Loi du 11 décembre 1808 (article 1er).