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OBJET ET MÉRITES DU SYSTÈME


son, à chaque étage et logement, distribue à son gré la lumière, l’air et la chaleur ; il en distribue, sinon la même quantité qu’autrefois, du moins la nécessaire. Enfin, les locataires peuvent respirer à l’aise, voir clair, ne plus grelotter ; après dix ans de suffocation, d’obscurité et de froid, ils sont trop contents pour chicaner le propriétaire, discuter ses procédés, contester le monopole par lequel il s’est fait l’arbitre de leurs besoins. — De même dans l’ordre physique, pour les grands chemins, les digues, les canaux, les bâtisses utiles au public : là aussi il répare ou crée, par la même initiative autoritaire, avec la même économie[1], la même répartition des charges[2], le même concours spontané

  1. Mme de Rémusat, I, 243 (Voyage dans le Nord de la France et en Belgique avec le Premier Consul, 1803) : « Dans ces sortes de voyages, il prit l’habitude, après s’être fait informer des établissements publics qui manquaient aux différentes villes, d’en ordonner, lors de son passage, la fondation, et, pour cette munificence, il emportait les bénédictions des habitants. » — Un peu après, arrivait cette lettre du ministre de l’intérieur : « Conformément à la grâce que vous a faite le Premier Consul (plus tard, l’Empereur), vous êtes chargé, citoyen maire, de faire construire tel ou tel bâtiment, en ayant soin de prendre les dépenses sur les fonds de votre commune » ; ce que le préfet du département l’oblige à faire, même quand les fonds disponibles sont épuisés ou appliqués ailleurs.
  2. Thiers, VIII, 117 (août 1807) et 124. — 13 400 lieues de grandes routes ont été entretenues ou réparées ; 10 grands canaux ont été entrepris ou continués, aux frais du Trésor public : 32 départements contribuent à ces travaux, par les centimes additionnels qui leur sont imposés : en moyenne, l’État et le département contribuent chacun pour moitié. — Parmi les maux physiques causés par la Révolution, le plus visible et le plus grossièrement sensible était l’abandon, par suite la dégradation, des routes devenues impraticables, la dégradation encore plus redoutable des digues et travaux de défense contre la mer et les fleuves. (Cf. dans Rocquain,