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LE RÉGIME MODERNE


ou forcé désintéressés, la même efficacité pratique[1]. — Bref, si l’on prend les choses en gros et si l’on compense le pis par le mieux, on peut dire que, grâce à lui, les Français ont recouvré les biens qui leur manquaient depuis 1789 : paix intérieure, tranquillité publique, régularité administrative, justice impartiale, police exacte, sécurité des personnes, des propriétés et des consciences, liberté de la vie privée, jouissance de la patrie et, si l’on en est sorti, faculté d’y rentrer ; dotation suffisante, célébration gratuite et complet exercice du culte ; écoles et enseignement pour la jeunesse ; lits, soins et secours pour les malades, les enfants trouvés et les indigents ; entretien des routes et des bâtiments publics. Des deux groupes de besoins qui tourmentaient les hommes en 1800, le premier, celui qui datait de la Révolution, a reçu, vers 1808 ou 1810, une satisfaction raisonnable.

    État de la France au 18 Brumaire, les rapports de Français de Nantes, Fourcroy, Barbé-Marbois, etc.) — Le Directoire avait imaginé des barrières avec péages sur chaque route pour l’entretenir, ce qui rapportait à peine 16 millions pour 30 à 35 millions de dépenses. Napoléon remplace les péages par le produit de la contribution sur le sel (Décret du 24 avril 1806, art. 59).

  1. Souvenirs inédits du chancelier Pasquier, I, 380 : « À peine restait-il deux ou trois grandes routes suffisamment viables… Sur les rivières comme sur les canaux, la navigation devenait impossible. Partout les édifices publics, les monuments tombaient en ruine… Si la rapidité des destructions avait été prodigieuse, celle des restaurations ne le fut pas moins. »