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LE RÉGIME MODERNE


Si chaque franc assuré payait tant de centimes pour sa prime d’assurance, chaque franc de gain manuel et

    cienne et la nouvelle condition de la classe laborieuse et pauvre, surtout à la campagne ; de là les sentiments tenaces et les jugements du peuple à l’endroit de l’Ancien Régime, de la Révolution et de l’Empire. — Tous les renseignements locaux convergent dans le même sens : j’ai vérifié de mon mieux le chiffre ci-dessus : 1o par les Statistiques des préfets de l’an IX à l’an XIII et au delà (imprimées) ; 2o par les rapports des conseillers d’État en mission pendant l’an IX (publiés par Rocquain, et en manuscrit aux Archives nationales) ; 3o par les rapports des sénateurs sur leurs sénatoreries et des préfets sur leurs départements, en 1806, 1809, 1812, en 1814 et 1815 et de 1818 à 1823 (en manuscrit aux Archives nationales) ; 4o par les observations des étrangers qui voyagent en France de 1802 à 1815. — Par exemple (A Tour through several of the Midland and Western departments of France, 1802, 23) : « Pas de dîmes, de taxes ecclésiastiques, de taxe des pauvres… Le total des taxes prises ensemble ne dépasse qu’un peu le sixième du revenu (rent-roll) d’un homme, c’est-à-dire prend 3 shillings 6 pence par livre sterling. » — (Travels through the South of France, 1807 and 1808, par le lieutenant-colonel Pinkney, citoyen des États-Unis, 162.) À Tours, une maison à deux étages, avec six ou huit fenêtres de façade, écurie, remise, jardin et verger, se loue 20 livres sterling par an, plus l’impôt, qui est de 1 livre 10 shillings à 2 livres pour l’État, et d’environ 10 shillings pour la commune. — (Notes on a journey through July, August and September 1814. par Morris Birbeck, 28.) Près de Cosne (Orléanais), un domaine de 1000 acres de terres labourables et de 500 acres de bois est loué pour neuf ans moyennant 9000 francs par an, plus l’impôt, qui est de 1600 francs. — (Ib., 91.) « Visité la Brie. Bien cultivé, selon le vieux système triennal, blé, avoine et jachère. Loyer (rent) moyen de la terre, 16 francs par acre, plus l’impôt, qui est de 1/5 du loyer. » — Rœderer, III, 474 (Sur la sénatorerie de Caen, 1er décembre 1803) : « La contribution directe est là dans une proportion très modérée avec le revenu ; elle se paye sans grande difficulté. » — Les voyageurs cités plus haut et beaucoup d’autres sont unanimes pour constater le bien-être nouveau du paysan, la mise en culture de tout le sol, l’abondance et le bon marché de toutes les denrées. — Morris Birbeck, 11 : « Chacun m’assure que la richesse et le bien-être des cultivateurs du sol ont doublé depuis vingt-cinq ans. » — Ib., : 43, à Tournon-