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LE RÉGIME MODERNE


relâchement et les libertés qui étaient alors, le privilège de l’épiscopat. Pendant les vacances[1], on y jouait des féeries, des pastorales, avec costumes et ballet, l’Installation du grand sultan, la Troupe des bergers enchaînés ; les séminaristes soignaient beaucoup leurs cheveux ; un coiffeur de mérite venait les accommoder ; la clôture n’était pas exacte : le jeune M. de Talleyrand savait s’échapper, commencer ou continuer en ville le cours de ses galanteries[2]. À partir du Concordat, dans les nouveaux séminaires, la discipline resserrée est devenue monacale ; ce sont des écoles pratiques, non de science, mais de dressage ; il s’agit bien moins de faire des hommes doctes que de former des prêtres convaincus ; l’éducation y prime l’instruction, et les exercices intellectuels se subordonnent aux exercices spirituels[3] :

  1. Histoire de M. Émery, par l’abbé Élie Méric. I, 15, 17. « À partir de 1786, on continua de tolérer la comédie aux philosophes, aux Robertins et à la communauté de Laon ; elle fut exclue du grand séminaire, où elle n’aurait jamais dû entrer. » La réforme fut opérée par le nouveau directeur, M. Émery, et rencontra la plus forte résistance, tellement qu’il faillit y perdre la vie.
  2. M. de Talleyrand, Mémoires, t. I (Sur une de ses galanteries). « Les supérieurs avaient bien dû avoir quelque soupçon,… mais l’abbé Couturier leur avait enseigné l’art de fermer les yeux ; il leur avait appris à ne jamais faire de reproches à un jeune séminariste qu’ils croyaient destiné à occuper de grandes places, à devenir coadjuteur de Reims, peut-être cardinal, peut-être ministre, ministre de la feuille : que sait-on ? »
  3. Diary in France, by Christopher Wordsworth, D. D., 1845 (Faiblesse des études à Saint-Sulpice). « Il n’y a pas de cours régulier d’histoire ecclésiastique. » — Aujourd’hui, encore point de cours spécial de grec pour apprendre à lire le Nouveau Testament dans le texte original. — Le clergé français en 1890 (par un ecclésiastique anonyme), 24 à 38. « La grande et solide