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L’ÉGLISE


effets des diverses œuvres pies, pour appliquer, imputer et transférer ces effets salutaires, pour assigner à chaque dévotion sa valeur et sa récompense, pour mesurer les mérites qu’elle procure, les fautes qu’elle efface et les grâces qu’elle obtient, non seulement dans notre monde, mais au delà. En vertu de ses habitudes administratives, et avec une précision de comptable, elle chiffre ses indulgences et marque en regard les conditions qu’elle y met : pour telle prière répétée tant de fois à telle date et en telle occasion, tant de journées en moins dans le grand pénitencier où tout chrétien, même pieux, est presque sûr de tomber après la mort, telle réduction de la peine encourue, et la faculté, s’il renonce à cette réduction pour lui-même, d’en transporter le bénéfice à autrui. En vertu de ses habitudes autoritaires et pour mieux affirmer sa souveraineté, elle range parmi les fautes capitales l’omission des pratiques qu’elle commande : « ne point entendre la messe un jour de dimanche ou de fête[1], manger de la viande le vendredi ou le samedi sans nécessité », ne point se confesser et communier à Pâques est un péché mortel, qui « fait perdre la grâce de Dieu et mérite une peine éternelle », aussi bien que « tuer, dérober quelque chose de considérable ». Pour fous ces crimes, irrémissibles en eux-mêmes, il n’y a qu’un pardon, l’absolution donnée par le prêtre, c’est-à-dire, au préalable, la confession, elle-même une des observances auxquelles nous sommes

  1. Bossuet, éd. Deforis, VI, 169, Catéchisme de Meaux, VI, 140 à 142.


  le régime moderne, III.
T. XI. — 11