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L’ÉCOLE

éléments de géométrie et d’arithmétique ; il laissera aux lycées et collèges de l’État leur domaine intact, les humanités proprement dites, les cours supérieurs et moyens de l’instruction secondaire. — En second lieu, dans les villes qui ont un lycée ou un collège, il n’enseignera chez lui que ce que l’Université n’enseigne pas chez elle[1] ; à la vérité on ne lui ôte pas les très petits garçons ; il peut encore les instruire, il les garde ; mais au-dessus de dix ans il conduira tous ses élèves au collège ou au lycée, ils en suivront régulièrement les classes en qualité d’externes. En conséquence, chaque jour et deux fois par jour, il les mène et ramène de sa maison à l’établissement universitaire et de l’établissement universitaire à sa maison ; avant la classe, dans l’entre-classe, après la classe, il leur répète la leçon que, le jour ou la veille, ils ont reçue hors de chez lui ; en outre, il les loge et les nourrit ; à cela se réduit son office. Il n’est plus qu’un auxiliaire exploité et surveillé, un subalterne, préparateur et répétiteur de l’Université, une sorte de maître d’étude et d’aubergiste non payé, au contraire payant, et à son service.

Cela ne suffit pas encore ; non seulement l’État recrute chez lui ses externes, mais il lui prend ses pensionnaires.

  1. Quicherat, Histoire de Sainte-Barbe, III, 93 à 105. — Jusqu’en 1809, grâce à la tolérance de M. de Fontanes, M. de Lanneau avait pu garder chez lui la moitié de ses élèves, sous le nom d’élèves des classes préparatoires, ou pour les cours de français et de commerce ; néanmoins il avait dû renoncer à l’enseignement de la philosophie. En 1810, il reçoit l’ordre d’envoyer au lycée, dans le délai d’un mois, tous ses élèves. À cette date, il y avait 400 pensionnaires à Sainte-Barbe.