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L’ÉCOLE


« Cette obéissance doit être prompte, et, dans les cas graves où le recours à l’autorité du gouvernement a lieu, l’obéissance doit toujours être provisoire. » — Mais, sur ce personnel incurablement, réfractaire, la compression ne suffira pas ; il est vieilli, endurci ; partant le vrai remède consiste à le remplacer par un autre plus jeune et plus maniable, plié et façonné exprès dans une école spéciale, qui sera pour l’Université ce que Fontainebleau est pour l’armée, ce que les grands séminaires sont pour le clergé, une pépinière de sujets soigneusement choisis et formés d’avance.

Tel est l’objet de l’École Normale[1] ; les jeunes gens y entrent dès dix-sept ans et s’obligent à rester dans l’Université au moins pendant dix ans. C’est un internat ; ils sont assujettis à la vie commune : « les sorties, particulières leur sont interdites » et « les sorties communes,… en uniforme,… ne se font que sous la direction et la conduite des maîtres surveillants… Ces surveillants inspectent les élèves pendant les études et les récréations, aux heures du lever, du coucher et pendant la nuit… Aucun élève ne peut passer le temps de la récréation dans sa chambre sans l’agrément du maître surveillant. Aucun élève ne peut entrer dans la salle d’une autre division sans la permission de deux maîtres surveillants… Le directeur des études fait la visite des livres des élèves aussi souvent qu’il le juge à propos, et au moins une fois par

  1. Statuts sur l’administration, l’enseignement et la police de l’École Normale, 30 mars 1810, titre II, articles 20 à 93.