Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 11, 1904.djvu/244

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
221
L’ÉCOLE


« maîtres qu’il lui faut ; ceux-ci entrent, à pleines voiles d’obéissance, dans l’ordre établi de leur temps ; ils le fortifient, ils le décorent », ils sont les coadjuteurs littéraires de l’autorité publique. Que l’esprit de l’École Normale se conforme à celui de ces grands hommes. Dans l’établissement universitaire, elle est l’atelier originel et central qui doit forger, limer et fournir les pièces de choix, tous les bons rouages. Aujourd’hui l’atelier est insuffisant, faiblement outillé, médiocrement dirigé, encore rudimentaire ; mais on l’agrandira, on l’achèvera, on le fera travailler davantage et mieux. Provisoirement, il ne produit que d’après les besoins constatés pour remplir les vides annuels dans les lycées et dans les collèges. Mais, dès le premier décret, on l’a « destiné à recevoir[1] jusqu’à 300 jeunes gens ». Avec ce chiffre, la production comblera tous les vides, si grands qu’ils puissent être, et les comblera par des produits de qualité supérieure et vérifiée. Ces produits humains que l’État a fabriqués chez lui, ces outils scolaires que l’État estampille à sa marque, naturellement l’État les préfère : il les impose à ses succursales, il les place, d’autorité, dans ses collèges et lycées ; à la fin il n’en accepte plus d’autres ; non seulement pour l’enseignement, mais encore pour la préparation des maîtres enseignants, il se confère le monopole. En 1813[2], une circulaire annonce que « le nombre des places qui viennent à vaquer, d’une année à l’autre,

  1. Décret du 17 mars 1808, articles 110 et suivants.
  2. Circulaire du 13 novembre 1813.