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LE RÉGIME MODERNE


reur, visite les nouveaux lycées « avec un inspecteur aux revues et un capitaine ou un adjudant-major, qui partout donnent des instructions pour l’exercice et la discipline ». La jeunesse s’y est déjà pliée ; « presque partout, dit-il à son retour, j’ai vu les jeunes gens obéir sans murmure et sans réflexions à des caporaux et à des sergents plus jeunes et plus faibles qu’eux, élevés à un grade mérité par leur sagesse et leur progrès ». Lui-même, quoique libéral, il trouve des raisons pour justifier devant le Corps législatif[1] cette pratique impopulaire : aux objections et aux alarmes des parents, il répond qu’« elle est favorable à l’ordre, sans lequel il n’y a pas de bonnes études », et que d’ailleurs « elle accoutume les élèves au port et au maniement des armes, ce qui abrège leur travail et accélère leur avancement, lorsque la loi de la conscription les appelle au service de l’État ». Roulements du tambour, attitudes au port d’armes, défilés au commandement, uniforme, galons, tout cela, en 1811, devient obligatoire, non seulement pour les lycées et collèges, mais encore, et sous peine de clôture, pour les institutions particulières[2]. Rien que dans les dépar-

  1. Recueil, etc., par A. de Beauchamp, I, 151 (Rapport au Corps législatif par Fourcroy, 6 mai 1806).
  2. Procès-verbaux et papiers (manuscrits) du conseil supérieur de l’Université, séance du 12 mars 1811, note de l’Empereur communiquée par le Grand Maître. « Le Grand Maître ordonnera que, dans les pensions et institutions qui existeront, les élèves portent l’uniforme, et que tout se passe comme dans les lycées, suivant la discipline militaire. » Dans le décret conforme du 15 novembre 1811, le mot militaire a été omis ; probablement il a semblé trop cru ; mais il montre la pensée de derrière, la vraie