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LE RÉGIME MODERNE


trésorier, et Fontanes en est le Grand Maître. Delille, Boissonade, Royer-Collard et Guizot professent à la Faculté des Lettres, Biot, Poisson, Gay-Lussac, Haüy, Thénard, Brongniart, Geoffroy-Saint-Hilaire à la Faculté des Sciences, Monge, Berthollet, Fourier, Andrieux à l’École Polytechnique, Pinel, Vauquelin, Jussieu, Richerand, Dupuytren à l’École de Médecine ; Fourcroy est conseiller d’État, Laplace et Chaptal, après avoir été ministres, deviennent sénateurs ; en 1813, il y a au Sénat vingt-trois membres de l’Institut ; le zoologiste Lacépède est grand chancelier de la Légion d’honneur ; et cinquante-six membres de l’Institut, décorés d’un titre impérial, sont chevaliers, barons, comtes, ducs ou même princes[1]. — Cela même est un lien de plus, excellent pour les mieux rattacher au gouvernement et les incorporer plus avant dans le système ; en effet, c’est du système et du gouvernement qu’ils tirent maintenant leur importance et leur subsistance ; devenus dignitaires, fonctionnaires, en cette double qualité ils ont une consigne ; désormais, avant de penser, ils feront bien de regarder en haut, du côté du maître, et de savoir jusqu’à quel point la consigne leur permet de penser.

À cet égard, dès le premier jour, les intentions du Premier Consul sont manifestes : dans sa reconstruction de l’Institut[2], il a supprimé « la classe des sciences morales et politiques », partant les quatre premiers

  1. Edmond Blanc, Napoléon Ier et ses institutions civiles et administratives, 225 à 233. — Annuaire de l’Institut pour 1813.
  2. Loi du 25 octobre 1795, et arrêté du 23 janvier 1803.