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LE RÉGIME MODERNE


« gliostro, les Kant, et tous les rêveurs d’Allemagne ». En somme, illuminisme ou métaphysique[1], inventions spéculatives de la cervelle ou surexcitation contagieuse des nerfs, toutes les illusions de la crédulité sont malsaines par essence, et, à l’ordinaire, antisociales. Néanmoins, puisqu’elles sont dans la nature humaine, acceptons-les, comme les eaux qui descendent sur un versant, mais à condition qu’elles resteront dans les lits qu’elles se sont creusés, et qu’elles auront plusieurs lits ; point de lits nouveaux et pas de lit unique. « Je ne veux pas de religion dominante, ni qu’il s’en établisse de nouvelles : c’est assez des religions catholique, réformée et luthérienne, établies par le Concordat[2]. » Avec celles-ci, on ne tâtonne pas dans l’inconnu ; on sait leur direction, leur force, on peut parer à leurs débordements. D’ailleurs, la pente et la configuration présentes du sol humain sont pour elles ; l’enfant suit la voie frayée par le père, et l’homme fait reste dans la voie suivie par l’enfant.

« Tenez[3], j’étais ici, à la Malmaison, dimanche dernier, me promenant dans cette solitude, dans le silence de la nature, Le son de la cloche de Rueil vint tout à coup frapper mon oreille. Je fus ému, tant est

    régularisée, circonscrite et resserrée dans des bornes qu’elle ne peut ou qu’elle n’ose pas franchir. »

  1. Thibaudeau, 151 (21 prairial an X). « Le Premier Consul combattit longuement les différents systèmes des philosophes sur les cultes, la religion naturelle, le déisme, etc. Tout cela n’était, suivant lui, que de l’idéologie. »
  2. Pelet de la Lozère, 208 (22 mai 1804).
  3. Thibaudeau, 152 (21 prairial an X).