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L’ÉCOLE


est bien commode. Pareille à l’administration locale, qui, sans leur concours ou avec leur concours presque nul, leur fournit des ponts, des chaussées, des canaux, la propreté, la salubrité et des précautions contre les fléaux qui se propagent, l’administration scolaire met à leur disposition, sans demander aucun effort à leur paresse, son service complet, tout l’appareil local et central de l’instruction primaire, secondaire, supérieure et spéciale, personnel et matériel, outillage et bâtiments, maîtres et programmes, examens et grades, règlements, et discipline, dépenses et recettes. Comme à la porte d’une table d’hôte, on leur dit : « Entrez, asseyez-vous, on va vous présenter les plats qui vous conviennent le mieux, et dans l’ordre le plus convenable ; ne vous préoccupez pas du service ni de la cuisine : une grande compagnie centrale, une agence bienfaisante et savante dont le siège est à Paris, s’en est chargée et vous en décharge. Tendez votre assiette, mangez, vous n’avez pas d’autre peine à prendre ; d’ailleurs votre écot sera très petit. »

En effet, ici comme ailleurs, Napoléon a importé ses habitudes de sévère économie, de comptabilité exacte et de perceptions opportunes ou déguisées[1]. Quelques centimes additionnels inscrits d’office, parmi beaucoup d’autres, au budget local, quelques millions indiscernables, parmi plusieurs centaines d’autres millions, dans l’énorme monceau du budget central, voilà les ressources et les recettes qui défrayent, l’enseignement

  1. Le Régime moderne, tome X, 76, 77.