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L’ÉGLISE

III

« Si le pape n’avait pas existé, dira-t-il encore[1], il aurait fallu le créer pour cette occasion, comme les consuls romains créaient un dictateur pour les circonstances difficiles. » Il n’y avait que lui pour faire le coup d’État ecclésiastique dont le Premier Consul avait besoin, pour ériger le chef du gouvernement nouveau en patron de l’Église catholique, pour lui soumettre les prêtres indépendants ou réfractaires, pour couper le lien canonique qui rattachait le clergé français à ses supérieurs exilés et à l’ancien ordre des choses, « pour rompre le dernier fil par lequel les Bourbons communiquaient encore avec le pays ». — « Cinquante évêques[2] émigrés et soldés par l’Angleterre conduisent aujourd’hui le clergé français. Il faut détruire cette influence, et l’autorité du pape est nécessaire pour cela : il les destitue ou leur fait donner leur démission. » Si quelques-uns s’obstinent à ne point descendre de leurs sièges, leur refus les discrédite ; ils sont « signalés[3] comme des rebelles qui préfèrent les affaires du monde et les intérêts terrestres aux affaires du ciel et à la cause de Dieu » ; le gros de leur clergé, tout leur troupeau les abandonne ; au

  1. Notes sur les Quatre Concordats de M. de Pradt (Correspondance de Napoléon Ier, XXX, 638 et 639).
  2. Thibaudeau, 152 (21 prairial an X).
  3. Notes sur les Quatre Concordats de M. de Pradt (Correspondance, XXX, 638).