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LE RÉGIME MODERNE


gagne à cela une bonne renommée, un surcroît d’attributions et un fonctionnaire de plus. — Voilà comment et pourquoi, dans chaque école, les chaires se sont multipliées Écoles de Droit, de Médecine, de Pharmacie, des Chartes, des Beaux-arts, Écoles Polytechnique, Normale, Centrale, Agronomique, Commerciale, chacune d’elles devient ou tend à devenir une sorte d’université au petit pied, à rassembler dans son enceinte la totalité des enseignements qui, si l’élève en profite, feront de lui, dans sa profession, un personnage accompli. — Naturellement, pour que ces cours soient suivis, l’École, de concert avec l’État, accroît les exigences de ses examens, et bientôt, pour la moyenne des intelligences et des santés, le fardeau qu’elle impose devient trop lourd. En particulier, dans les écoles où l’on n’entre que par un concours, la surcharge s’exagère ; c’est que la presse est trop grande à l’entrée : il y a maintenant cinq, sept et jusqu’à onze candidats pour une place[1]. Devant cet encombrement, il a bien fallu exhausser et multiplier les barrières, prescrire aux concurrents de les sauter, ouvrir la porte à ceux qui en franchissent de plus hautes et en plus grand nombre. Nul autre moyen, de choisir entre eux, sans être taxé par eux d’arbitraire et de népotisme ; à eux d’avoir de bons jarrets et d’en tirer tout le service possible, partant de se soumettre à un dressage méthodique, de s’exercer et de s’entraîner,

  1. Cette année, en 1892, 1750 candidats étaient inscrits pour 240 places à l’École Polytechnique, 230 candidats pour 30 places à l’École des Beaux-arts (section d’architecture), 266 candidats pour 24 places à l’École Normale (section des lettres).