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LE RÉGIME MODERNE


enclin à multiplier les contraintes, et cette fois il ne s’en cache pas. De six à treize ans, l’instruction primaire devient obligatoire[1] : le père est tenu de prouver que ses enfants la reçoivent, sinon à l’école publique, du moins dans une école privée ou à domicile. Pendant ces sept années elle est continue, et chaque année elle dure dix mois. L’école prend et garde l’enfant trois heures chaque matin et trois heures chaque après-midi ; elle verse dans ces petites têtes tout ce que, pendant une période si longue, elle peut y verser, tout ce qu’elles peuvent contenir et au delà : orthographe, syntaxe, analyse grammaticale et logique, préceptes de composition et de style, histoire, géographie, calcul, géométrie, dessin, notions de littérature, de politique, de droit, et finalement une morale complète, « la morale civique ».

Qu’il soit fort utile à chaque adulte de savoir lire, écrire, compter, et que, pour ce motif, l’État exige de chaque enfant ce minimum de connaissances, on peut ne pas désapprouver cette exigence de l’État : par le même motif et du même droit, il devrait, dans toutes les villes et villages des côtes, fleuves et rivières, installer, pour les riverains, des écoles de natation, et là commander à chaque garçon d’apprendre à nager. — Qu’aux États-Unis il soit fort utile à chaque fille ou garçon de recevoir la totalité de l’instruction primaire, cela est particulier aux États-Unis, et cela se comprend dans un pays vaste et neuf, où les débouchés multiples et

  1. Loi du 28 mars 1882 (sur l’obligation).