tenu le morcellement de l’Italie ; une fois l’obstacle ôté, l’Italie redeviendra une nation ; Napoléon la prépare et la constitue d’avance, en ramenant le pape à sa condition primitive et normale, en lui retirant sa souveraineté temporelle et limitant son omnipotence spirituelle, en le réduisant à n’être plus que le directeur dirigé des consciences catholiques et le ministre en chef du principal culte autorisé dans l’empire.
V
Dans cette entreprise, il se servira du clergé français pour maîtriser le pape, comme il s’est servi du pape pour maîtriser, le clergé français. À cet effet, avant de conclure le Concordat et de décréter les Articles organiques, il s’est composé une petite bibliothèque de droit ecclésiastique ; on lui a traduit les œuvres latines de Bossuet ; il s’est fait exposer la doctrine gallicane et parlementaire ; avec une pénétration et une célérité merveilleuses, il est allé d’abord jusqu’au fond du sujet ; puis, ayant refondu et pétri les théories à sa façon et à son usage, il s’est formé une conception originale, personnelle, cohérente, précise et pratique, une conception d’ensemble qu’il applique à toutes les Églises, catholique, luthérienne, calviniste et même juive, à toutes les communautés religieuses, présentes et futures. Sa pensée maîtresse est celle des légistes romains et de l’antique jurisprudence impériale ; en ceci, comme dans le reste, le César moderne, par delà ses prédécesseurs