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L’ÉGLISE


time ou légitimé des Bourbons. Les autres, qui ont juré la constitution civile du clergé, schismatiques, excommuniés, impénitents, et, malgré le pape, réintégrés par le Premier Consul[1] dans l’Église, sont, mal disposés pour le pape, leur principal adversaire, et bien disposés pour le Premier Consul, leur unique patron. C’est pourquoi « les chefs[2] du clergé catholique, c’est-à-dire les évêques et les grands-vicaires,… sont attachés au gouvernement » ; ce sont des gens « éclairés », on peut leur faire entendre raison. « Mais nous avons 3 000 ou 4 000 curés ou vicaires, enfants de l’ignorance et dangereux par leur fanatisme et leurs passions. » À ceux-là et à leurs supérieurs, s’ils ont quelque velléité d’indiscipline, on tiendra la bride haute. Ayant mal parlé du gouvernement dans sa chaire de Saint-Roch, le prêtre Fournier est arrêté par la police, mis à Bicêtre comme fou, et le Premier Consul répond au clergé parisien qui vient le réclamer par « une pétition très bien faite » : « J’ai[3] voulu vous prouver que, si je mettais mon bonnet de travers, il faudrait bien que les prêtres obéissent à la puissance civile ». De temps en temps, un coup de main rude sert d’exemple et maintient dans le droit chemin les indociles qui seraient tentés de s’en écarter. À Bayonne, à propos d’un mandement où se trouve une phrase malsonnante, « le grand-vicaire[4] qui a rédigé le mandement est envoyé

  1. Cf. pour les détails. Comte d’Haussonville, I, 200 et suivantes.
  2. Pelet de la Lozère, 205 (Paroles de Napoléon, 4 février 1804).
  3. Thibaudeau, 157 (2 messidor an X).
  4. Rœderer, III, 535, 567.