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LE PEUPLE


ralité d’Alençon, aux taillables 1 067 000 livres, aux privilégiés 122 000 ; dans la Champagne, aux taillables 1 377 000 livres, aux privilégiés 199 000 ; dans la Haute-Guyenne, aux taillables 1 268 000 livres, aux privilégiés 61 000 ; dans la généralité d’Auch, aux taillables 797 000 livres, aux privilégiés 21 000 ; dans l’Auvergne, aux taillables 1 753 000 livres, aux privilégiés 86 000 ; bref, si l’on fait les totaux pour dix provinces, 11 650 000 livres au groupe pauvre, et 1 450 000 livres au groupe riche : celui-ci paye donc huit fois moins qu’il ne devrait.

Pour les vingtièmes, la disproportion est moindre, et nous n’avons pas de chiffres précis ; néanmoins on peut admettre que la cote des privilégiés est environ la moitié de ce qu’elle devrait être. « En 1772[1], dit M. de Calonne, il fut reconnu que les vingtièmes n’étaient pas portés à leur valeur. De fausses déclarations, des baux simulés, des traitements trop favorables accordés à presque tous les riches propriétaires, avaient entraîné des inégalités et des erreurs infinies… La vérification de 4902 paroisses a démontré que le produit des deux vingtièmes, qui est de 54 millions, devrait monter à 81. » Tel domaine seigneurial qui, d’après son revenu avéré, devrait payer 2400 livres, n’en paye que 1216. C’est bien pis pour les princes du sang ; on a vu que leurs domaines sont abonnés et ne payent que 188 000 livres, au lieu de 2 400 000. Sous ce régime

  1. Mémoire présenté à l’Assemblée des Notables (1787), 1. — Voir note 2 à la fin du tome Ier sur le domaine de Blet.