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LE PEUPLE


d’un impôt sur les boissons et sur les bestiaux[1]. « Dans Toul et Verdun, les charges sont si pesantes, qu’il n’y a guère que ceux qui y sont retenus par leurs offices et par d’anciennes habitudes, qui consentent à y rester[2]. » À Coulommiers, « le marchand et le peuple sont si surchargés, qu’ils répugnent à faire des entreprises ». Partout, contre les octrois, les barrières et les commis, la haine populaire est profonde. Partout l’oligarchie bourgeoise songe à elle-même avant de songer à ses administrés. À Nevers et à Moulins[3], « tous les gens riches trouvent moyen de se soustraire à la collecte par différentes commissions ou par le crédit qu’ils ont auprès des élus, de sorte qu’on prendrait pour de vrais mendiants les collecteurs de Nevers de cette année et de l’année précédente ; il n’y a point de petits villages dont les collecteurs ne soient plus solvables, puisqu’on y prend des métayers ». À Angers, indépendamment des jetons et de la bougie qui consomment le fonds annuel de 2127 livres, les deniers publics se dissipent et s’emploient au gré des officiers municipaux en dépenses clandestines ». En Provence, où les communautés s’imposent librement et devraient, ce semble, ménager Le pauvre, « la plupart des villes, notamment Aix, Marseille et Toulon[4], ne

  1. Archives nationales, G, 300, G, 322 (Mémoires sur les droits d’aides).
  2. Procès-verbaux de l’assemblée provinciale des Trois-Évêchés, 442
  3. Archives nationales, H, 1422 (Lettre de l’intendant de Moulins, avril 1779).
  4. Archives nationales, H, 1312 (Lettres de M. d’Antheman,