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L’ANCIEN RÉGIME


« tager le produit des coupes de bois, sans y appeler la maîtrise ». Dans son papier l’avocat avance que toutes les communautés de la province sont décidées à en faire autant… Sa consultation est tellement répandue dans les campagnes, que beaucoup de communautés sont convaincues qu’elles ne doivent plus rien au roi ni à leurs seigneurs. M. de Marnezia député à l’Assemblée (nationale), est venu (ici) passer quelques jours chez lui pour sa santé ; il y a été traité de la manière la plus dure et la plus scandaleuse ; l’on a même agité si on ne le conduirait pas à Paris sous escorte. Après son départ, son château a été attaqué, les portes ont été brisées et les murs de son jardin abattus. (Pourtant) aucun gentilhomme n’a autant fait pour les habitants de ses terres que M. Le marquis de Marnezia… Les excès en tout genre augmentent ; j’ai des plaintes perpétuelles sur l’abus que les milices nationales font de leurs armes, et je ne puis y remédier. » D’après une phrase prononcée à l’Assemblée nationale, la maréchaussée croit qu’elle va être dissoute et ne veut pas se faire d’ennemis. « Les bailliages sont aussi timides que la maréchaussée ; je leur renvoie sans cesse des affaires, et aucun coupable n’est puni… » — « Aucune nation ne jouit d’une liberté si indéfinie et si funeste aux honnêtes gens ; il est absolument contraire aux droits de l’homme de se voir perpétuellement dans le cas d’être égorgé par des scélérats qui confondent toute la journée la liberté et la licence. » — En d’autres termes, les passions,