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LA RÉVOLUTION


« mités. L’épouvante dont toutes les communautés sont saisies, plus forte que toutes les lois, arrête la circulation et ferait éprouver la disette au sein même de l’abondance. La denrée est à un prix énorme, et le numéraire manque. Les communautés sont ruinées par les frais énormes auxquels elles sont exposées, payement des députés aux sénéchaussées, établissement des gardes bourgeoises, corps de garde de ces milices, achat des armes et uniformes, dépenses pour les formations en communes, en conseils permanents, impressions en tout genre pour faire connaître les délibérations les moins essentielles, pertes de temps qu’occasionnent les mouvements auxquels les circonstances ont donné lieu, stagnation totale des manufactures et du commerce » : toutes ces causes « ont réduit le Languedoc à la dernière extrémité ». — Dans le Centre et dans le Nord, où la récolte est bonne, les subsistances ne sont pas moins rares, parce que le blé n’ose plus circuler et se cache. « Depuis cinq mois, écrit l’assemblée municipale de Louviers[1], il ne s’est point présenté de laboureurs aux marchés de cette ville. Jamais, quoique de temps à autre il soit survenu des chertés considérables. L’on n’avait vu arriver un pareil événement. Au contraire les halles abondaient toujours, en proportion du haut prix des

  1. Archives nationales, D, XXIX, I, Lettre de l’assemblée municipale de Louviers, fin d’août 1789. — Lettre de l’assemblée communale de Saint-Bris (bailliage d’Auxerre), 25 septembre. — Lettre des officiers municipaux de Ricey-Haut, près de Bar-sur-Seine, 25 août ; du chevalier d’Allonville, 8 septembre.