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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 3, 1909.djvu/180

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LA RÉVOLUTION


six cents députés font signer leurs passe-ports et se tiennent prêts à partir. Pendant le mois suivant, cent vingt donnent leur démission ou ne reparaissent plus à l’Assemblée. Mounier, Lally-Tollendal, l’évêque de Langres, d’autres encore, quittent Paris, puis la France. — « C’est le fer à la main, écrit Mallet du Pan, que l’opinion dicte aujourd’hui ses arrêts. Crois ou meurs, voilà l’anathème que prononcent les esprits ardents, et ils le prononcent au nom de la liberté. La modération est devenue un crime. » — Dès le 7 octobre, Mirabeau vient dire au comte de la Marck : « Si vous avez quelque moyen de vous faire entendre du roi et de la reine, persuadez-leur que la France et eux sont perdus, si la famille royale ne sort pas de Paris ; je m’occupe d’un plan pour les en faire sortir ». À la situation présente il préfère tout, « même la guerre civile » ; car au moins la guerre retrempe les âmes », et ici, sous la dictature des démagogues, on se noie dans la boue. « Dans trois mois », Paris, livré à lui-même, sera « un hôpital certainement, et peut-être un théâtre d’horreurs ». Contre la populace et ses meneurs, il faut « que le roi se coalitionne à l’instant avec ses peuples ». qu’il aille à Rouen, qu’il fasse appel aux provinces, qu’il fournisse un centre à l’opinion publique, et, s’il le faut, à la résistance armée. De son côté, Malouet déclare que « la Révolution, depuis le 5 octobre, fait horreur à tous les

    déjà pris des passe-ports.) — Mercure de France, n° du 17 octobre. — Correspondance de Mirabeau et de M. de la Marck, I, 116, 126, 364.