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L’ANARCHIE SPONTANÉE


ses folies et pour les tenir sous ses piques, jusqu’au moment où il lui plaira de les égorger.

VI

Cette fois, on n’en peut plus douter : la Terreur est établie, et à demeure. — Le jour même, la foule arrête une voiture où elle croit trouver M. de Virieu, et déclare, en la fouillant, « qu’on cherche ce député pour le massacrer, ainsi que d’autres dont on à la liste[1] ». — Deux jours après, l’abbé Grégoire annonce à l’Assemblée nationale « qu’il n’y a pas de jour où des ecclésiastiques ne soient insultés à Paris », et poursuivis « de menaces effrayantes ». — On avertit Malouet que, « sitôt qu’on aura distribué des fusils à la milice, le premier usage qu’elle en fera sera pour se débarrasser des députés mauvais citoyens », entre autres de l’abbé Maury. — Quand je sortais, écrit Mounier, j’étais publiquement suivi ; c’était un crime de se montrer avec moi. Partout où j’allais avec deux ou trois personnes, on disait qu’il se formait une assemblée d’aristocrates. J’étais devenu un tel objet de terreur, qu’on avait menacé de mettre le feu dans une maison de campagne où j’avais passé vingt-quatre heures, et que, pour calmer les esprits, il avait fallu promettre qu’on ne recevrait ni mes amis ni moi. » — En une semaine[2], cinq ou

  1. Montlosier, I, 303. — Moniteur, séances des 8, 9 et 10 octobre. — Malouet, II, 9, 10, 20. — Mounier, Recherches sur les causes, etc., et Adresse aux Dauphinois.
  2. Ferrières, I, 546 de 9 octobre, trois cents membres avaient