regards, ce n’est point l’avantage de la nation, mais les droits imaginaires des hommes. Tous étant égaux, il faut que chacun ait une part égale au gouvernement. Point d’ordres dans un État ; point de privilèges politiques avoués ou déguisés ; point de complications constitutionnelles ou de combinaisons électorales, pour donner à l’aristocratie, même capable et libérale, quelque portion des pouvoirs publics. — Au contraire, parce qu’elle était privilégiée pour jouir, elle est suspecte pour servir, et l’on repousse tous les projets qui, directement ou indirectement, lui réservaient ou lui ménageaient une place : d’abord la Déclaration du Roi, qui, conformément aux précédents historiques, maintenait les trois ordres en trois Chambres distinctes et ne les appelait à délibérer ensemble que « sur les affaires d’utilité générale » ; ensuite le plan du Comité de Constitution qui proposait une seconde Chambre nommée à vie par le Roi sur la présentation des assemblées provinciales ; enfin le projet de Mounier, qui remettait à ces mêmes assemblées l’élection d’un Sénat nommé pour six ans, renouvelé par tiers tous les deux ans, composé d’hommes âgés au moins de trente-cinq ans et ayant en biens-fonds dix mille livres de rente. L’instinct égalitaire est trop fort. On ne veut pas de seconde Chambre, même accessible aux roturiers. Par elle[1],
- ↑ Moniteur, séance du 7 septembre 1789, I, 431-437. Discours de MM. de Sillery, Lanjuinais, Thouret, de Lameth, Rabaut-Saint-Étienne. — Barnave écrivait en 1791 : « Il fallait passer par une Chambre unique ; l’instinct de l’égalité l’exigeait. Une seconde Chambre eût été le refuge de l’aristocratie. »