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L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE ET SON ŒUVRE


oisifs, il n’y avait qu’à continuer : avant la fin du siècle, par la simple application de l’édit, sans injustice ni brutalité, on ramenait l’institut aux limites de développement, à la mesure de fortune, au genre de fonctions que peut souhaiter un État moderne.

Mais, de ce que les corps ecclésiastiques avaient besoin d’être réformés, il ne s’ensuivait pas qu’il fallût les détruire, ni qu’en général les corps propriétaires soient mauvais dans une nation. Affectés par fondation à un service public et possédant, sous la surveillance lointaine ou prochaine de l’État, la faculté de s’administrer eux-mêmes, ces corps sont des organes précieux et non des excroissances maladives. — En premier lieu, par leur institution, un grand service public, le culte, la recherche scientifique, l’enseignement supérieur ou primaire, l’assistance des pauvres, le soin des malades, est assuré sans charge pour le budget, mis à part et à l’abri des retranchements que pourrait suggérer l’embarras des finances publiques, défrayé par la générosité privée qui, trouvant un réservoir prêt, vient, de siècle en siècle, y rassembler ses mille sources éparses : là-dessus, voyez la richesse, la stabilité, l’utilité des universités allemandes et anglaises. — En second lieu, par leur institution, l’omnipotence de l’État trouve un obstacle ; leur enceinte est une protection contre le niveau de la monarchie absolue ou de la démocratie pure. Un homme peut s’y développer avec indépendance sans endosser la livrée du courtisan ou du démagogue, acquérir la richesse, la considération, l’autorité, sans

  la révolution. i.
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