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L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE ET SON ŒUVRE


société, comme les vivants ; car, cette société dont jouissent les vivants, ce sont les morts qui l’ont faite, et nous ne recevons leur héritage qu’à condition d’exécuter leur testament. — Sans doute, quand ce testament est très ancien, il faut l’interpréter largement, suppléer à ses prévisions trop courtes, tenir compte des circonstances nouvelles. Parfois les besoins auxquels il pourvoyait ont disparu : il n’y avait plus de chrétiens à racheter après la destruction des corsaires barbaresques, et une fondation ne se perpétue qu’en se transformant. — Mais si, dans l’institution primitive, plusieurs clauses accessoires et particulières deviennent forcément caduques, il est une intention générale et principale qui, manifestement, reste impérative et permanente, celle de pourvoir un service distinct, charité, culte, instruction. Changez, si cela est nécessaire, les administrateurs et la répartition du bien légué, mais n’en détournez rien pour des services d’une espèce étrangère ; il n’est affecté qu’à celui-là ou à d’autres très semblables. Les quatre milliards de fonds, les deux cents millions de revenus ecclésiastiques en sont la dotation expresse et spéciale. Ils ne sont pas un tas d’or abandonné sur la grande route et que le fisc puisse s’attribuer ou attribuer aux riverains. Sur ce tas d’or sont des titres authentiques, qui, en constatant sa provenance, fixent sa destination, et votre seule affaire est de veiller pour qu’il soit remis à son adresse. — Tel était le principe sous l’ancien régime, à travers des abus graves et sous les exactions de la commende.