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L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE ET SON ŒUVRE


« cipes et l’équilibre de ses forces. Les grands corps politiques sont dangereux dans un État par la force qui résulte de leur coalition, par la résistance qui naît de leurs intérêts. » — Et celui-ci, de plus, est mauvais par essence ; car[1] « son régime est continuellement en opposition avec les droits de l’homme ». Un institut où l’on fait vœu d’obéissance est « incompatible » avec la Constitution. « Soumises à des chefs indépendants », les congrégations « sont hors de la société, contraires à l’esprit public ». — Quant au droit de la société sur elles et sur l’Église, il n’est pas douteux. « Les corps n’existent que par la société ; en les détruisant, elle ne fait que retirer la vie qu’elle leur a prêtée ». — « Ils ne sont que des instruments fabriqués par la loi[2]. Que fait l’ouvrier quand son instrument ne lui convient plus ? Il le brise ou le modifie. » — Ce premier sophisme admis, la conclusion est claire. Puisque les corps sont abolis, ils n’existent plus. Puisqu’ils n’existent plus, ils ne peuvent être encore propriétaires. « Vous avez voulu détruire les ordres[3], parce que leur destruction était nécessaire au salut de l’État. Si le clergé conserve ses biens, l’ordre du clergé n’est pas détruit ; vous lui laissez nécessairement la faculté de s’assem-

  1. Moniteur, séance du 12 février 1790, discours de Dedelay-d’Agier et de Barnave.
  2. Moniteur, séance du 10 août 1789, discours de Garat ; du 12 février 1790, discours de Pétion ; du 30 octobre 1789, discours de Thouret.
  3. Moniteur, séance du 2 novembre 1789, discours de Le Chapelier ; du 24 octobre 1789, discours de Garat ; du 30 octobre 1789, discours de Mirabeau, et séance du 10 août 1789.