Aller au contenu

Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 3, 1909.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
266
LA RÉVOLUTION


« bler ; vous consacrez son indépendance. » En aucun cas, les ecclésiastiques ne doivent posséder. « S’ils sont propriétaires, ils peuvent être indépendants ; s’ils sont indépendants, ils attacheront cette indépendance à l’exercice de leurs fonctions. » À tout prix, il faut qu’ils soient dans la main de l’État, simples fonctionnaires, nourris de ses subsides. Il serait trop dangereux pour une nation « d’admettre dans son sein, comme propriétaire, un grand corps à qui tant de sources de crédit donnent déjà tant de puissance. La religion appartenant à tous, il faut, par cela seul, que ses ministres soient à la solde de la nation. » Ils ne sont que « des officiers de morale et d’instruction », des « salariés », comme les professeurs et les juges. Ramenons-les à cette condition qui est la seule conforme aux droits de l’homme et prononçons que le « clergé, ainsi que tous les corps et établissements de mainmorte, sont dès à présent et seront perpétuellement incapables d’avoir la propriété d’aucuns biens-fonds ou autres immeubles[1] ». — De tous ces biens vacants, qui est maintenant l’héritier légitime ? Par un second sophisme, l’État, juge et partie, les attribue à l’État. « Les fondateurs ont donné à l’Église, c’est-à-dire à la nation[2]. » — « Puisque la nation a permis que le clergé

  1. Moniteur, séance du 25 octobre 1789, discours de Thouret.
  2. Moniteur, séance du 25 octobre 1789, discours de Treilhard ; du 24 octobre, discours de Garat ; du 30 octobre, discours de Mirabeau. — Dès le 8 août 1789, Alexandre de Lameth disait à la tribune : « Lorsqu’on a fait une fondation, c’est la nation qu’on a dotée. »