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Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 3, 1909.djvu/305

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L’ASSEMBLÉE CONSTITUANTE ET SON ŒUVRE


l’emprisonnement, la guillotine ou la noyade pour les deux tiers du clergé de France et pour ses myriades de fidèles, laboureurs, artisans, journaliers, couturières, servantes, et les plus humbles entre les gens du peuple. À cela conduisent les lois de l’Assemblée constituante. — À l’endroit du clergé comme à l’endroit des nobles et du roi, elle a démoli un mur solide pour enfoncer une porte ouverte ; rien de singulier si l’édifice entier croule sur la tête des habitants. Il fallait réformer, respecter, utiliser les supériorités et les corps ; au nom de l’égalité abstraite et de la souveraineté nationale, elle n’a songé qu’à les abolir. Pour les abolir, elle a pratiqué, ou toléré ou préparé tous les attentats contre les propriétés et les personnes. Ceux qu’on commettra sont les suites inévitables de ceux qu’elle a commis ; car par sa Constitution le mal se change en pire, et l’édifice social, déjà demi-ruiné par les maladroites destructions qu’elle y a faites, tombera sous le poids des bâtisses incohérentes ou extravagantes qu’elle y va improviser.