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LA RÉVOLUTION


meurtrissent les hommes et outragent les femmes. — Il ne reste plus qu’à couvrir les malfaiteurs par l’amnistie, ce que fait l’Assemblée constituante, et à sanctionner par une loi l’animosité des administrations locales, ce que fait l’Assemblée législative[1]. Désormais, les ecclésiastiques qui n’ont pas fait le serment sont privés de leur pension alimentaire ; on les déclare « suspects de révolte contre la loi et de mauvaises intentions contre la patrie ». — Ainsi, dit un protestant contemporain, « sur ces soupçons, sur ces intentions, un Directoire auquel la loi interdit toute fonction judiciaire, pourra arbitrairement chasser de sa demeure le ministre d’un Dieu de paix et de charité, blanchi à l’ombre des autels ». Ainsi, « partout où il surviendra du trouble pour les opinions religieuses, ce trouble fût-il suscité par les fustigateurs effrénés des vertueuses filles de charité, par les bandits armés de nerfs de bœuf qui, à Nîmes, à Montpellier, ont insulté, six mois durant, à la pudeur et à la liberté, les prêtres non assermentés seront punis du bannissement ; on les ravira à leurs familles dont ils partagent la subsistance ; on les enverra errer dans les grands chemins, abandonnés à la pitié ou à la férocité publiques, du moment qu’un scélérat excitera du trouble, pour le leur imputer ». — Voici venir la révolte des paysans, les insurrections de Nîmes, de la Franche-Comté, de la Vendée, de la Bretagne, l’émigration, la déportation,

  1. Duvergier, décret du 29 novembre 1791. — Mercure, n° du 30 novembre 1791. (Article de Mallet de Pan.)