Page:Taine - Les Origines de la France contemporaine, t. 3, 1909.djvu/46

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
32
LA RÉVOLUTION


à celui qui n’en a pas assez pour acheter du pain. Sur ce principe, à Barjols, ils taxent les Ursulines à 1800 livres, enlèvent cinquante charges de blé au chapitre, dix-huit à un pauvre artisan, quarante à un autre, forcent les chanoines et bénéficiers à donner quittance à leurs fermiers. Puis, de maison en maison, et le gourdin à la main, ils obligent les uns à verser de l’argent, les autres à renoncer à leurs créances, « tel à se départir d’une procédure criminelle, tel à renoncer à un décret qu’il a obtenu, tel à rembourser les frais d’un procès gagné depuis plusieurs années, un père à donner son consentement au mariage de son fils ». — Tous leurs griefs leur reviennent, et l’on sait combien le paysan a la mémoire tenace. Devenu maître, il redresse les torts, surtout ceux dont il se croit l’objet. Destitution générale et d’abord des droits féodaux perçus : ils prennent à l’homme d’affaires de M. de Montmeyan tout l’argent qu’il a, en compensation de ce qu’il a touché depuis quinze ans en qualité de notaire. L’ancien consul de Brignoles avait infligé en 1775 pour 1500 ou 1800 francs d’amendes appliquées au profit des pauvres ; on lui reprend cette somme dans sa caisse. — Du reste, si les consuls et gens de loi sont malfaisants, les titres de propriété, les rôles de redevances, tous ces papiers d’après lesquels ils instrumentent, sont pires encore. Au feu les vieilles écritures, non seulement tous les registres des commis, mais aussi, à Hyères, tous les papiers de l’hôtel de ville et du notaire principal. — En fait de papiers, il n’y a de bons que les nouveaux, ceux qui