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LA RÉVOLUTION


On tolère la désobéissance de Marseille qui refuse de recevoir les magistrats envoyés par lettres patentes pour commencer l’information. Bien mieux, malgré les remontrances du parlement d’Aix, on proclame une amnistie générale ; « on n’excepte que quelques chefs auxquels encore on laisse la liberté de sortir du royaume ». La douceur du roi, des chefs militaires est admirable : on admet que le peuple est un enfant, qu’il ne pêche jamais que par erreur, qu’il faut croire à son repentir, et, sitôt qu’il rentre dans l’ordre, le recevoir avec des effusions paternelles. — La vérité est que l’enfant est un colosse aveugle, exaspéré par la souffrance : c’est pourquoi il brise tout ce qu’il touche, non seulement en province les rouages locaux qui, après un dérangement temporaire, peuvent être réparés, mais encore au centre le ressort principal qui imprime le mouvement au reste et dont la destruction va détraquer toute la machine.