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LA RÉVOLUTION


est pleine de débris et de brigands qui tiennent à la main, les uns « des comestibles, les autres un broc, forcent les passants à boire et versent à tout venant. Le vin coule en talus dans le ruisseau, l’odorat en est frappé » ; c’est une kermesse. Cependant on enlève le grain et les farines que les religieux étaient tenus par édit d’avoir toujours en magasin, et on en conduit cinquante-deux voitures à la Halle. Une autre troupe vient à la Force délivrer les prisonniers pour dettes ; une troisième pénètre dans le Garde-Meuble, y enlève des armes et des armures de prix. Des attroupements s’amassent devant l’hôtel de M. de Breteuil et le Palais-Bourbon qu’on veut dévaster pour punir les propriétaires. M. de Crosne, un des hommes les plus libéraux et les plus respectés de Paris, mais pour son malheur lieutenant de police, est poursuivi, s’échappe à grand’peine, et son hôtel est saccagé. — Pendant la nuit du 13 au 14, on pille des boutiques de boulangers et de marchands de vin ; « des hommes de la plus vile populace, armés de fusils, de broches et de piques, se font ouvrir les portes des maisons, donner à boire, à manger, de l’argent et des armes ». Vagabonds, déguenillés, plusieurs « presque nus », « la plupart armés comme des sauvages, d’une physionomie effrayante », ils sont

    « physionomie effrayante, un habillement hideux. » (Montjoie, suspect en beaucoup d’endroits, mérite d’être consulté pour les petits faits dont il a été témoin oculaire.) — Morellet, Mémoires, I, 374. — Dusaulx, L’œuvre des sept jours, 352. — Revue historique, mars 1876. Interrogatoire de Desnot. Emploi de sa journée, le 13 juillet (publié par Guiffrey).