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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


la grande jacquerie de juillet 1789, les bois sont ravagés, et les paysans, furieux d’être dénoncés par les gardes, marchent sur le château occupé par un vieillard et par une enfant. Tout le village est venu, hommes et femmes ; à coups de hache ils défoncent la porte barricadée et tirent sur les voisins qui viennent au secours. — En d’autres endroits, dans les districts de Saint-Étienne et de Montbrison, « on enlève impunément les arbres des propriétaires, on démolit leurs murs de clôture et de terrasse ; ceux qui se plaignent sont menacés de mort et de voir abattre leurs maisons ». Près de Paris, autour de Montargis, Nemours et Fontainebleau, nombre de paroisses refusent d’acquitter les droits de dîme et de champart que l’Assemblée vient de consacrer une seconde fois ; on dresse des potences, avec menace d’y accrocher les percepteurs, et, aux environs de Tonnerre, les redevables attroupés tirent sur la maréchaussée qui vient protéger les redevances. — Là-bas, près d’Amiens, la comtesse de la Mire[1], dans sa terre de Davencourt, voit arriver chez elle la municipalité du village qui l’invite à renoncer à ses droits de champart et de tiers. Elle refuse ; on insiste. Elle refuse encore ; on l’avertit « qu’il lui arrivera malheur ». En

    la Haute-Saône.) — Archives nationales, F7, 3255 (lettre du ministre au directoire de Rhône-et-Loire, 2 juillet 1790). — Mercure de France, 17 juillet 1790 (rapport de M. de Broglie, 13 juillet, et décret des 13-18 juillet). — Archives nationales, H, 1453 (correspondance de M. de Bercheny, 21 juillet 1790).

  1. Mercure de France, 19 mars 1790. Lettre d’Amiens, 28 février. (Mallet du Pan ne public dans le Mercure que des lettres signées et authentiques.)