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LA RÉVOLUTION


« tout est pillé, les glaces sont brisées, les tableaux lacérés, les portes enfoncées ». Le maître du logis, M. de Comeau-Créance, chevalier de Saint-Louis, horriblement maltraité, est traîné au bas de l’escalier où il reste comme mort » ; auparavant, « on l’a forcé à une contribution considérable et à la restitution de toutes les amendes qu’il avait perçues, avant la Révolution, comme seigneur du lieu ». — Deux autres propriétaires du voisinage, chevaliers de Saint-Louis, ont été traités de même : « Voilà trois anciens et braves militaires bien récompensés de leurs services. » — Un quatrième, homme pacifique, s’est sauvé d’avance, laissant les clefs aux serrures et son jardinier dans la maison. Néanmoins les portes et les armoires ont été brisées, le pillage a duré cinq heures et demie, on a menacé de mettre le feu, si le seigneur ne comparaissait pas ; on s’informait « s’il allait à la messe du nouveau curé, s’il avait jadis fait payer des amendes, enfin si quelque habitant avait à se plaindre de lui ». Aucune plainte ; au contraire, il est plutôt aimé. — Mais, dans ces sortes de tumultes, cent furieux et cinquante drôles font la loi aux indifférents et aux timi-

    et désarmement des anciens privilégiés.) « Aucun de nos arrêtés n’a été respecté. » Par exemple, bris et violences chez M. de Guinaumont, à Merry ; on a même enlevé le fusil, le plomb et la poudre du garde-chasse. « M. de Guinaumont n’a plus aucun moyen de se défendre contre un chien enragé ou autre bête féroce qui viendrait dans ses bois ou dans sa cour. » Le maire de Merry était avec la garde nationale, par force, et leur disant en vain que cela était contre la loi. — Pétition de Mme d’Ambly, femme du député, 28 juin 1791. À défaut des fusils qu’elle avait remis déjà, on lui fait payer 150 francs.