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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


des. Les malfaiteurs ont déclaré « qu’ils avaient de bons ordres ; ils ont forcé le maire et le procureur-syndic d’assister à leur pillage ; ils ont eu aussi la précaution de forcer, par les plus grandes menaces, quelques honnêtes citoyens à marcher avec eux ». Ceux-ci viennent le lendemain en faire leurs excuses au propriétaire pillé, et les officiers municipaux dressent procès-verbal de la violence qu’on leur a faite. Mais la violence est faite, et, comme elle reste impunie, il est sûr qu’on recommencera.

On a déjà commencé et achevé dans les deux départements voisins ; là, surtout au Sud, rien de plus instructif que l’entraînement par lequel l’émeute, lancée d’abord au nom de l’intérêt public, dégénère tout de suite sous l’impulsion de l’intérêt privé et aboutit au crime. — Autour de Lyon[1], sous le même prétexte, à la même date, des attroupements semblables opèrent des visites pareilles, et, dans toutes ces visites, « on brûle les terriers, on pille et incendie les maisons. L’autorité municipale, créée pour garantir les propriétés, n’est, dans beaucoup de mains, qu’un moyen de plus de les violer. La garde nationale ne paraît armée que pour protéger le désordre et le pillage ». — Depuis plus de trente ans, M. de Chaponay, père de six enfants dont trois au service, dépensait son vaste revenu dans sa terre de Beaulieu, y occupait nombre de personnes,

  1. Archives nationales, DXXIX, 4. Lettres des administrateurs du département de Rhône-et-Loire, 6 juillet 1791. (M. Vitet est un des signataires.) — Mercure de France, 8 octobre 1791.