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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


tion, qui jusqu’ici n’avait atteint que la haute classe, descend jusque dans les couches populaires, si, d’un bout à l’autre de la France, une hostilité sourde gronde contre les institutions nouvelles, depuis que la constitution politique et sociale s’est soudée à la constitution ecclésiastique comme un édifice à sa flèche, et, par cette pointe aiguë, va chercher l’orage jusque dans les nuages

    cause des huées des femmes et des enfants, et des menaces faites par diverses personnes qui disaient : Il faut le tuer, il faut l’étrangler ; c’est un protestant, il est marié, il a des enfants ; et à cause de l’impossibilité d’entrer dans l’église dont les portes étaient obstruées par le grand nombre de femmes qui s’étaient rendues au-devant d’icelles. » — Le 6 juillet, on l’installe, mais difficilement. « Dans l’intérieur de l’église une troupe de femmes faisaient les hauts cris et se lamentaient sur le remplacement de leur curé. Au retour, dans les rues, un grand nombre de femmes égarées à l’aspect du curé constitutionnel détournaient la figure… et se contentaient de prononcer des mots entrecoupés… sans se permettre d’autres mouvements que de se couvrir la figure avec leurs chapeaux et de se jeter par terre. » — 15 juillet. Le clerc ne veut plus servir la messe ni sonner les cloches ; le curé Richard ayant voulu les sonner lui-même, le peuple le menace de le maltraiter s’il s’y hasarde. — 8 septembre 1791. Lettre du curé de Fau district de Saint-Chély. « Cette nuit, j’ai été à deux doigts de la mort par une troupe de bandits qui m’ont exspolié la cure, après avoir fracassé les portes et les vitres. » — 30 décembre 1791. Un autre curé qui vient prendre possession de sa cure est assailli à coups de pierres par soixante femmes et poursuivi ainsi jusques hors de la paroisse. — 5 août 1791. Pétition de l’évêque constitutionnel de Mende et de ses quatre vicaires. « Il ne se passe pas de jour que nous ne soyons insultés dans nos fonctions ; nous ne pouvons faire un pas sans entendre des huées. Si nous sortons, nous sommes menacés d’être assassinés lâchement, « d’être assommés à coups de bâton. » — F7, 5253 (Bas-Rhin, lettre du directoire du département, 9 avril 1792) : « Les 10/11es au moins des catholiques refusent de reconnaître les prêtres assermentés. »