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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


messe ; d’où il suit que Verson est un foyer d’attroupements contre-révolutionnaires. De plus, dans les maisons forcées, les meubles ont été brisés, les tonneaux défoncés, le linge, l’argent et la vaisselle volés ; c’est que la populace de Caen s’était adjointe à l’expédition. — Ici et partout, il n’y a qu’à la laisser faire, et, comme elle travaille sur les biens, sur la liberté, sur la vie, sur la pudeur de personnes dangereuses, la milice nationale se garde bien de la déranger. Par suite, les orthodoxes, prêtres et fidèles, hommes et femmes, sont maintenant à sa discrétion, et, grâce à la connivence de la force armée qui refuse d’intervenir, la canaille assouvit sur la classe proscrite ses instincts ordinaires de cruauté, de pillage, de lubricité et de destruction.

Public ou privé, la consigne est toujours d’empêcher le culte, et les moyens sont dignes des exécuteurs. Ici, un prêtre insermenté ayant eu la hardiesse d’administrer un malade, la maison où il vient d’entrer est prise d’assaut, et la porte, les fenêtres d’une autre maison habitée par un autre prêtre, volent en éclats[1]. — Là, les logements de deux ouvriers, que l’on accuse

  1. Archives nationales, F7, 3234. Arrêté du directoire du Lot, 24 février 1792, sur les troubles de Marmande. — F7, 3239. Procès-verbal de la municipalité de Reims, 5, 6, 7 novembre 1791. Les deux ouvriers sont un bourrelier et un cardeur de laine. Le prêtre qui a conféré le baptême est mis en prison comme perturbateur du repos public. — F7, 3219. Lettre du commissaire du roi près le tribunal de Castelsarrasin, 5 mars 1792. — F7, 3203. Lettre du directoire du district de la Rochelle, 1er  juin 1792. « La force armée, témoin de ces crimes et requise d’arrêter les gens en flagrant délit, a refusé d’obéir. »


  la révolution. ii.
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