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LA CONSTITUTION APPLIQUÉE


« ment, des attroupements fréquents pillent et volent tout ce qui leur tombe sous la main… Les grains qui se trouvent dans les maisons à girouettes sont séquestrés ». Les campagnards exploitent, comme bien communal, toutes les forêts, tous les biens des émigrés, et cette exploitation est radicale ; par exemple, une bande trouvant une grange neuve dont les matériaux lui paraissent bons, la démolit pour s’en partager les bois et les tuiles. — Dans la Corrèze, quinze mille paysans armés, qui sont venus à Tulle pour désarmer et chasser les partisans des insermentés, cassent tout dans les maisons suspectes, et l’on a bien de la peine à les renvoyer les mains vides. Aussitôt qu’ils sont revenus chez eux, ils dévastent les châteaux de Saint-Jal, de Seilhac, de Gourdon, de Saint-Basile, de la Rochette, outre une quantité de maisons de campagne appartenant à des roturiers même absents. C’est une curée, et jamais transport de la propriété n’a été plus complet. Ils enlèvent soigneusement, dit un procès-verbal, tout ce qui peut être enlevé, meubles, tapisseries, glaces, armoires, tableaux, vins, provisions, jusqu’aux planchers et boiseries, jusqu’aux plus petits ferrements et objets de menuiserie », et fracassent le reste, tellement que de la maison « il ne reste que les quatre murs, le couvert et l’escalier ». — Dans le Lot, où depuis deux ans l’insurrection est permanente, les dégâts sont plus grands encore. Pendant la nuit du 30 au 31 janvier, « toutes les meilleures maisons de Souillac sont enfoncées, saccagées, pillées de fond en